Le Marquis de La Fayette
- Association Héritages
- 7 mai
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Par Paul Frisch
Naissance et éducation
Gilbert du Motier, marquis de la Fayette, naît en Auvergne le 6 septembre 1757 dans une haute famille de l’aristocratie française. Très vite, dans la lignée de ses ancêtres qui avaient participé à toutes les guerres depuis la guerre de Cent ans jusqu’à la guerre de Sept Ans, le jeune marquis suit une formation militaire. En 1774, il épouse Marie Adrienne Françoise de Noailles, très bien dotée, ce qui fait du couple, dès leur plus jeune âge, l’une des familles les plus riches du royaume. En 1775, âgé de 17 ans, il est envoyé à Metz pour continuer sa formation militaire.
La guerre d’indépendance américaine
Le 8 août 1775, le Marquis de la Fayette entendit parler pour la première fois des insurgés américains. Ses mots raisonnent à travers l’histoire :
« Du premier moment où j’ai entendu prononcer le nom de l’Amérique, je l’ai aimée. Dès l’instant où j’ai su qu’elle combattait pour sa liberté, j’ai brûlé du désir de verser mon sang pour elle ».
Cette phrase atteste de son engagement à vie pour ce combat, attendu que contre l’avis de sa famille, mais aussi contre l’avis de son Roi, La Fayette partit pour les Etats-Unis en 1777. La Fayette, en arrivant, demanda humblement à s’engager pour la cause sans solde ni grade. Après l’avoir rencontré, George Washington, séduit, plaida sa cause auprès du Congrès qui, le 31 juillet, lui accorda le grade de « major-général », équivalent au grade de général de division. Le symbole de l’homme qui s’investit au point de « verser son sang » pour la cause, le 11 septembre 1777 à la bataille de Brandywine, lui permis de construire sa légende. C’est en Amérique que le jeune marquis, âgé de seulement 19 ans à son arrivée entendit les mots « citoyen » et « république » pour la première fois. Fasciné par l’égalité des droits, c’est à travers ses différents voyages qu’il développa sa vision de la liberté. Tout au long de la guerre, le marquis plaida auprès du Roi Louis XVI le renforcement de ses liens avec les jeunes Etats-Unis d’Amérique.
La période révolutionnaire
Après son retour en France, La Fayette proposa la convocation des Etats généraux à partir de 1787. Il fut le premier à parler de suffrage universel, mais également de l’abolition des privilèges. De plus, il rédigea en 1789 le premier projet de Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le 15 juillet de la même année, il fut nommé à la tête de la garde nationale à Paris. D’abord célébré comme le héros de cette révolution lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790, il lui fut ensuite reproché sa présence à Versailles la journée du 5 octobre 1789 alors qu’il essayait de convaincre le Roi d’appliquer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, mais aussi la fuite du souverain à Varennes ainsi que les tirs sur la foule au Champ-de-Mars le 17 juillet 1791.
Haïssant la violence, cet acte le poussa à démissionner et à prendre la tête en tant que Général, d’abord de l’armée du centre, puis de celle du Nord pour repousser la première coalition antirévolutionnaire. Apprenant le souhait de Robespierre de l’arrêter, il choisit la désertion et part en Hollande le 19 août 1792 où il fut retrouvé par les Prussiens. C’est en Autriche qu’il passa cinq longues années en prison. Il lui fallut attendre les victoires de Bonaparte en Italie entre 1796 et 1797 pour qu’il obtienne sa libération.
L’héritage

Considéré par certains comme trop monarchiste et par d’autres comme trop Républicain, c’est le mot « modéré » qui conviendrait le mieux pour le décrire. Ayant connu quatre Rois, un Empereur qu’il ne soutint que lors des cent jours, et deux républiques (Américaine et Française), La Fayette n’abandonna jamais ses principes, se battant jusqu’à sa mort le 20 mai 1834. Il désira toujours l’abolition de la traite négrière, allant jusqu’à acheter des terres à Cayenne dans le but d’émanciper les esclaves noirs qui y travaillaient. Le marquis fut même au cœur de la Révolution des trois Glorieuses de juillet 1830, en tant qu’influent député libéral-républicain sous la Restauration, après laquelle il réussit enfin à mettre en place la Monarchie Constitutionnelle qu’il avait tant voulu.
Ses derniers combats furent en faveur de la liberté des différents peuples européens. D’après ses propres mots, dès son départ pour l’Amérique en 1777 et jusqu’à sa mort en 1834 :
« Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous, et la liberté partout ».
Le marquis de La Fayette, tout comme d’autres de ses contemporains, traversa l’une des époques les plus animée de notre Histoire. Fidèle à ses idées durant l’entièreté de sa vie, il sut se frayer un chemin entre les Républicains les plus radicaux, et les Monarchistes les plus conservateurs. Héros en Amérique mais controversé en France, citoyen français mais aussi citoyen d’honneur américain depuis 2002, il trouve sa reconnaissance à travers l’histoire de nos deux pays.

On retrouve sur ce portrait peint l’année de sa mort de nombreux signes de son engagement politique. D’abord, la cocarde qui ornemente son bicorne explicite son engagement pour la cause révolutionnaire. Selon la légende, c’est lui qui aurait fait rajouter le blanc royal sur la cocarde initialement composée de deux couleurs uniquement : le bleu et le rouge. On peut également percevoir une certaine position attentiste, de retrait, qui reflète parfaitement ses positions modérées lors de la Révolution française, et lors des régimes qui lui ont succédé. Enfin, le papier qu’il tient dans la main pourrait représenter implicitement la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, attendu qu’il a participé à la rédaction de celle-ci.
Pour aller plus loin
Extrait chronique Europe 1 avec Stéphane B.
Emission Secrets d'Histoire sur le Marquis
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