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La Bataille de Castillon

Par Paul Frisch et Jean Thomas

Le Contexte


Lorsque le 29 avril 1429, Jeanne d’Arc entre dans Orléans, une grande partie du royaume de France demeure aux mains des Anglais. Elle représente pourtant celle qui, malgré les difficultés, malgré la puissance ennemie, malgré le désastre de la bataille d’Azincourt en 1415, alors que le Royaume était enfin pratiquement reconquis, mobilise les forces françaises et par la même occasion de vifs espoirs. Après la campagne de la Loire qui se termine par la victoire de Patay en juin,  les troupes royales tentent une incursion en territoire ennemi, livrent bataille devant Troyes qui se rend très rapidement, et mènent Charles VII à Reims qui y entre le 16 juillet 1429. Il est sacré le lendemain dans la cathédrale alors que la ville est cernée par des troupes anglo-bourguignonnes. Jeanne, s’inclinant devant le Roi, lui dit alors : « O gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu, qui voulait que je fisse lever le siège d'Orléans et que je vous amenasse en votre cité de Reims recevoir votre saint sacre, montrant que vous êtes vrai roi, et qu'à vous doit appartenir le royaume de France ». Ce coup d’éclat permet de faire de Charles VII le seul roi légitime en France, sept années après la mort de son père Charles VI. 


Malgré la mort de Jeanne d’Arc le 30 mai 1431, le Roi n’arrête pas la reconquête de ses territoires. Il réussit dans un premier temps à conclure le Traité d’Arras en 1435 avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon, mettant fin à la guerre civile. Cela affaiblit l’Angleterre qui non seulement perd un allié important mais fait face à des soulèvements organisés contre leur présence. La ville de Paris est reprise en 1436, après un an de siège. Charles VII décide alors de réorganiser le royaume pour préparer la reconquête finale. C’est à ce moment que naît l’artillerie de campagne qui assure au Royaume de France une supériorité nette sur le champ de bataille.


En un an, de 1449 à 1450, la Normandie est reprise. Charles VII entre dans Rouen le 10 novembre. L’objectif final est en Guyenne. Le Roi de France souhaite battre les Anglais dans une bataille rangée. Ce sera la bataille de Castillon, livrée le 17 juillet 1453, 24 ans jour pour jour après le sacre de Charles VII à Reims. 


La Bataille  


La mort de John Talbot à la bataille de Castillon. Miniature ornant le manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de la mort de Charles VII, vers 1484, BNF, ms. Français 5054 fo 229 vo.
La mort de John Talbot à la bataille de Castillon. Miniature ornant le manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de la mort de Charles VII, vers 1484, BNF, ms. Français 5054 fo 229 vo.

Le 20 octobre 1452, John Talbot, premier comte de Shrewsbury, débarque à Bordeaux avec 3000 hommes pour porter soutien aux négociants bordelais opposés aux restrictions imposées par le Roi de France. Celui que l’on surnomme l’ « Achille anglais » prend rapidement le contrôle de la ville et est accueilli en triomphateur. Alors que l’armée anglaise est augmentée par plusieurs milliers de Gascons et de 2000 hommes venus d’Angleterre sous la conduite du propre fils de Talbot, Charles VII décide d’agir. Dès le printemps 1453, il envoie un corps d’armée de 9000 hommes sous les ordres des maréchaux de Lohéac et de Culant, de Dunois, et des frères Bureau. 


Les troupes françaises s’installent en amont de Bordeaux, entre la Dordogne et la Lidoire dans le petit village de Castillon. Face à cette situation, Talbot décide de foncer sur les français avant que ceux-ci ne puissent rassembler leurs alliés. Le 16 juillet 1453, il mène son armée à une vingtaine de kilomètres de Castillon dans la ville de Libourne. Après une nuit de beuveries exténuantes, ce sont des troupes éreintées et désordonnées qui prennent la route pour Castillon. Les intempéries des derniers jours n’arrangent rien et piétons et chevaliers peinent à avancer sur des routes peu praticables. 


Toutefois, les anglais sont confiants. Ils pensent prendre en charge des troupes françaises en fuite. Il n’en est rien. Le 17 juillet 1453 Talbot et ses hommes font face à des français solidement campés. Les anglais chargent le camp français et donnent l’assaut mais la riposte est terrible. Les artilleurs français profitant de la mêlée, foudroient la cavalerie et la piétaille anglaise. Attaqués à bout portant par plus de 300 canons, les chevaliers anglais doivent mettre pied à terre pour poursuivre le combat au corps-à-corps. C’est alors que les troupes bretonnes surgissent et chargent des anglais déjà en difficulté. Le vieux Talbot voit son cheval tué sous lui puis des français l’achèvent à la hache. Alors que des hommes périssent dans la Dordogne, les Anglais sont mis en fuite et défaits. Le bilan est lourd : 4000 blessés et 300 tués pour les gascons et anglais contre seulement une centaine de blessés et de tués français. 

Trois jours plus tard, les troupes victorieuses entrent dans Castillon et s’en suivra la reprise de Bordeaux au mois d’octobre 1453. La ville marchande est encerclée de fortifications et perd ses privilèges et son Parlement est supprimé.  De plus, les marchands voient la fin des liens de commerce privilégiés avec l’Angleterre. Si les cœurs resteront anglais pour encore quelque temps, la victoire de Castillon permet de bouter les anglais hors de Guyenne et marque la fin d’une longue Guerre de Cent ans dont la paix définitive est signée en 1475 par Louis XI par le traité de Picquigny ( 29 août 1475 ). 


Pour aller plus loin

La Bataille de Castillon en vidéo


Site de la reconstitution historique de la Bataille de Castillon



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