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L'histoire du Palais des Tuileries

Par Paul Frisch & Lilian Schaeffer


Le Palais des Tuileries

« Je veux que Paris porte l’empreinte d’une reine qui aime les arts autant que le pouvoir. ».

Catherine de Médicis, pour illustrer sa volonté, décida de faire construire le Palais des Tuileries dès 1564. Elle lui offrit l’élan sublime des atouts de la Renaissance Italienne, caractérisée par la symétrie de sa façade, ainsi que les nombreux ornements inspirés des nouvelles constructions de la vallée de la Loire. 


Henri IV, lorsqu’enfin Paris lui ouvrit ses portes, décida de relier les deux Palais qui longent la Seine. Ce fut le début du « Grand Dessein », un rêve de plusieurs siècles.


Par la suite, Louis le Grand, bâtisseur de renom, ordonna à Louis le Vau d’offrir au Palais une parfaite silhouette, ajoutant à cette pièce d’architecture son « Pavillon de l’Horloge », qui dominait le reste de la demeure royale de son haut style baroque français : le style classique. 


Mais c’est à partir de la Révolution Française, lorsque Versailles fut délaissé après les journées des 5 et 6 octobre 1789, que le Palais devint le cœur du pouvoir. La famille royale s’installa aux Tuileries. Elle en ressortit martyr le 10 août 1792, journée tragique qui incarne la chute d’une monarchie millénaire. Par le sacrifice digne de ses gardes suisses, Louis XVI fut sauvé. Réfugié à l’Assemblée nationale, il fut emprisonné. Le mois suivant, la République fut proclamée. 


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La prise des Tuileries le 10 août 1792, Jacques Bertaux, 1793 


Marqué par la présence de la Convention en 1793, le Palais retrouva de sa superbe lorsqu’il accueillit un bien glorieux hôte en 1800 : le Premier consul. Napoléon devenu Empereur l’aménagea. Il y installa son trône, son bureau et décora les intérieurs. Il poursuivit le Grand dessein. L’arc du Carrousel fut bâti. Il y fut inscrit pour l’éternité la Gloire de tout un peuple :

« Honneur à la grande armée victorieuse à Austerlitz en Moravie le 2 décembre 1805, jour anniversaire du couronnement de Napoléon. »



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 Revue militaire devant l'arc de triomphe du Carrousel (en 1810), par Hippolyte Bellangé, 1862.


Par la suite, les monarques restaurés y résidèrent. Louis XVIII y mourut, Charles X puis Louis-Philippe en furent chassés.  


Le Palais vit enfin un dernier illustre personnage : Napoléon III. Fêtes et cérémonies, dont le mariage de l’Empereur et d’Eugénie illustre le moment le plus heureux, rythmèrent la vie de cette luxueuse demeure. Sa Majesté offrit également leur apogée aux deux Palais voisins : l’Empereur acheva le « Grand Dessin »  rêvé par Henri IV 250 ans auparavant. La cité impériale accorda à la France le prestige de toute sa noblesse.


Prosper Mérimée le décrivit parfaitement :

« Ce palais, fruit de tant de siècles, est une leçon de beauté, où se lisent les goûts successifs d’une nation élégante. ». 

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 Fête de nuit aux Tuileries le 10 juin 1867, Pierre Tetar van Elven, 1867


Mais cette apogée sublime, tel un rêve qui se dissipait par les rayons du soleil, 

nous fut volée par l’obscurité d’une nuit sans sommeil…


La Terrible Destruction


Le Palais des Tuileries était donc un bâtiment d’âme monarchique.

« Tant que les Tuileries dominer[aient] le Louvre, la monarchie dominer[ait] la République. ». Victor Hugo

Les communards de 1871, affamés et révoltés, affrontaient l’imposante carrure de l’édifice aux cris de « Vive la Révolution ». Dans le sillage des révoltés du 14 juillet 1789, le chef militaire communard Jules Bergeret voulait s’en prendre à l’identité visuelle de la monarchie à Paris : libérer le Louvre des Tuileries pour libérer la France de la monarchie


Le 24 mai 1871, Jules Bergeret alluma un feu dans le palais. Ses mains tremblaient car elles venaient de rentrer dans l’histoire par le chemin, quasiment régicide, de la profanation. L’allure fière et revancharde, l’agitateur savait toutefois que son mouvement révolutionnaire périssait. Pour cette meute d’émeutiers bientôt réduits à n’être qu’une page sombre de l’Histoire, la destruction mutine devint alors la dernière trace d’une traîtrise moribonde. Le feu ardent du Palais reflétait l’angoisse du ciel, témoin des provocations révolutionnaires. 


La Semaine sanglante passa et Paris, désormais calme, constata les balafres urbaines laissées par les émeutiers. La Rue de Rivoli, le palais d'Orsay, la Conciergerie, l'Hôtel de ville... Toutes ces bâtisses, vastes témoignages de la grandeur des Capet et des Bonaparte, n’étaient désormais que les ombres d’une couronne sans tête et d’un trône aux allures de fauteuil vide. S’il fallait dire que l’Histoire se répétât, les communards fussent-ils ceux de 1793 ? 


Les dernières pierres du Palais, telles des fossiles monarchiques, furent définitivement détruites en 1883 par une République en manque de repères républicains. A l’image du Louvre libéré des Tuileries, la République se libérait enfin de la monarchie.


L’espoir de la Reconstruction


Reconstruire les Tuileries n’est pas une idée vagabonde et illusoire. Dès 1878, alors même que les dernières pierres du Palais demeuraient encore, Charles de Freycinet, ministre des Travaux Publics, déposa à la chambre des députés un projet de loi relatif à la reconstruction du pavillon des Tuileries. Jules Ferry, convaincu, confia alors à Charles Garnier la mission de réfléchir à des plans de reconstruction. 


 

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Les Ruines du Palais des Tuileries, Meissonnier, 1871


Il fallait toutefois attendre 1958 avant que Charles de Gaulle ne réactivât l’idée de cette anastylose. Le Général voulait par ailleurs en faire la résidence du Président de la République qui, à l’image de sa Constitution, eut honoré ses prétentions royales. Mais l’idée tomba finalement en désuétude.


Aujourd’hui, il existe le Comité National de Reconstruction des Tuileries qui milite pour la réédification du palais, afin de parfaire définitivement l’élégance du plus beau palais du monde. 


Pyrrhimnée


Palais d'or, de pierres et de marbres royaux,


Où l'on vit Majestés apposer de leurs sceaux


Tant de fastes illustres, pour leur Gloire éternelle !


Palais d'or, où la France, s'éleva jusqu'au ciel. 



Triste Paris, le feu convoite tes trésors.


Du palais des Tuileries jusqu'à Saint Germain


Les marbres et les pierres quittent leur décor.


L'Histoire désormais en est le seul témoin.


Pour aller plus loin


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