Le mariage de Napoléon III et Eugénie
- Association Héritages
- 16 juin
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Dernière mise à jour : 18 juin
Par Lilian Schaeffer et Paul Frisch
Le 30 janvier 1853, vers 13h dans le ciel, cent coups de canons annoncèrent à l’Europe que l’Empereur des Français venait à l’instant de poser le pied devant Notre-Dame de Paris pour épouser la jeune espagnole Eugénie de Montijo.
L’édifice religieux, alors en pleine restauration par le brillant Eugène Viollet le Duc, était gardé à l’entrée par les statues de deux empereurs qui ont voulu endosser le rôle d’Auguste : Napoléon Ier et Charlemagne. Louis-Napoléon pouvait enfin recevoir l’onction historique de ses ancêtres et offrir à la France une Impératrice.

Eugénie de Montijo n’était pourtant ni de la lignée des Bourbon ni de celle des Habsbourg. Elle était une jeune femme de seulement 26 ans, sans ascendance royale ; et elle devait offrir à la France une dynastie impériale.
Loin des cours royales européennes, Louis-Napoléon était, en 1849, tombé sous le charme d’une jeune comtesse espagnole, installée à Paris depuis son enfance pour échapper aux élans tragiques de la guerre fraternelle. Bien qu’impressionnée par l’illustre nom de Bonaparte, la comtesse se montra d’abord distante à l’égard du Président à la réputation libertine. Nonobstant, avec la proclamation de l’Empire et l’installation de la cour, Eugénie céda aux tentatives de rapprochement de son auguste courtisan. Napoléon III, Empereur amoureux mais célibataire, s’était alors pris d’une ferveur sans pareille pour cette jeune espagnole jusqu’à déclarer : « je l’aime, c’est elle que je veux ». Un désir impérial n’est jamais vain, particulièrement quand cet Empereur est Français.

Le mariage religieux fut alors célébré le 30 janvier 1853, le lendemain du mariage civil aux Tuileries, sous l'œil attentif de la population parisienne pleine de curiosité devant le visage de l’élégante Impératrice.
Eugénie était enveloppée dans une robe de velours blanc et portait le diadème de saphir et de diamants qui para en son temps la chevelure de Joséphine, celle qui l’avait précédée. Sa fine taille était ornée de la brillante ceinture offerte par Napoléon Ier à Marie-Louise. Le marié, quant à lui, décorait son cou avec le collier de la Toison d’or.

Pour ces figures impériales et pour cette époque prodigieuse, ce mariage représentait le sacre d’une idée romantique.
Notre-Dame ne s’était jamais faite si belle que ce jour-là. Sur le sol, un tapis d’hermine escorta les mariés jusqu’aux trônes installés sur une estrade devant l’autel ; haut lieu céleste sur la terre d’où Jésus marque de son sceau toute volonté solennelle. Entre les voûtes gothiques de l’édifice résonnèrent les chants de cinq-cents musiciens éclairés par quinze-mille bougies. Une cérémonie séraphique pour un amour authentique. Avec ce mariage d’amour, le roman l’emporte sur la politique.
Toute sa vie, Eugénie chercha à conquérir le cœur des Français. Âgée, veuve et retirée en Angleterre, elle fit de sa résidence un hôpital pour les soldats français blessés durant la Grande Guerre ; ce lieu singulier où reposent les restes d’un Empire aux figures exilées d’un funeste cortège marchant au désenchantement du monde.
Jusqu’à l’ultime souffle de son âme, elle garda près du cœur son « Trèfle de Compiègne », joyaux de noces fait d’émeraudes et de diamants, tel un vieux talisman, preuve d’un amour immuable.


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